Histoire patrimoine dans le canton de Fontaine Française

Situation géographique

Le canton de Française est situé au carrefour de trois anciennes provinces : la Bourgogne, la champagne et la Franche Comté.  Ce carrefour d’ailleurs se situe à un point précis, au sein du canton, trois départements se rejoignent en ce point : la Côte d’Or, la  Haute Marne et la  Haute Saône,  trois cantons : Fontaine Française, Prauthoy, et Champlitte, avec les villages de Courchamp (21), Percey sous Montormentier (52), et Percey le Grand (70). Il s’agit également d’une limite entre trois circonscriptions ecclésiastiques : un archevêché : Dijon (l’évêché de Dijon date seulement de 1731 et l’archevêché est une création récente), et deux  très anciens évêchés : Langres et Besançon. Une borne a été placée près de cet endroit, après le second remembrement de Percey (52). Cet espace de contact a été un lieu riche en histoire. Il serait même le point de rencontre entre les limites d’extension de différents peuples gaulois et de différents royaumes issus des partages entre les fils de Clovis Bourgogne, Neustrie et Austrasie. Le supplice de la reine Brunehaut se serait déroulé non loin de ce carrefour. Ce terroir aujourd’hui paisible a été le théâtre de nombreux conflits, c’était une zone frontalière, la Franche Comté n’étant devenue française qu’en 1678 (la Franche Comté appartenait depuis 1493 aux Habsbourg, jusqu’au  traité de Nimègue). Dès l’époque gauloise, le canton de Fontaine Française était en limite des peuples Lingons (dont la capitale était Andematunum : Langres), et Éduens (dont la capitale était Bibracte), séparés des Séquanes (dont la capitale était : Vesontio : Besançon) par la Saône. C’était déjà  une région de passage et de commerce entre le bassin méditerranéen et l’Europe du Nord, située sur la route de l’ambre et de l’étain, un point de rupture entre la Saône navigable et la Seine. Les convois étaient assurés en chariot tirés par des chevaux entre Seine et Saône,  les marchandises partaient ensuite vers la Méditerranée. Le trésor de Vix est témoin de cette période. Les nombreux tumuli du canton demeurent inexplorés à ce jour, peut être recèlent ils d’autres témoignages comme celui de Vix.

Historique du canton

Préhistoire et antiquité

Le canton de Fontaine Française est peuplé depuis de temps très anciens. Le site protohistorique du Soc sur la commune de Sacquenay en témoigne ainsi que les nombreux silex, pierres taillées ou encore les nombreuses haches polies  trouvées dans champs lors des labours.  La civilisation Gallo Romaine a laissé de nombreuses traces dans toute la vallée de la Vingeanne. Un village comme Saint Maurice comptait trois villas par exemple, de nombreuses tuiles, pièces de monnaies, chemins pavés (voie romaine Agrippa, voie romaine Langres- Genève, colonne milliaire de Sacquenay)  ont été retrouvés et témoignent de cette époque.  La vallée aurait selon une étude de la Guerre des Gaules de César été le théâtre de la bataille entre Vercingétorix et les légions romaines. La Vingeanne serait le «Flumen », cité dans les « Commentaires ». Cependant certains historiens avancent d’autres comme pour Alésia.

Atès (située près de l’actuelle Attricourt,) capitale gallo-romaine de cette petite région a été ruinée par les invasions de troisième siècle ap.JC), elle renait de ses cendres et de devient capitale du pagus des Attuariens, au sein duquel des prisonniers germains(les Attuariens ou Hattuariens) sont sédentarisés afin de valoriser une région ravagée. Champlitte  a connu  un destin similaire avec les Lètes, auxiliaires de l’armée romaine sédentarisés (Campus Lètum  Champlitte)

Époque médiévale

Les Burgondes occupent ensuite la région. A cette époque le vicus : Fontanas est séparé de Berthariacum (Berthaud) par un ru, la Torcelle qui préexistait aux étangs actuels. Cette a perduré jusqu’ au 15éme siècle, le village était divisé en 2 seigneuries différentes ne dépendant pas de la même suzeraineté, l’une dépendait du duché, l’autre de la Comté.

La fondation de l’abbaye de Bèze par Amalgaire, plaça la vallée de la Vingeanne en grande partie sous l’autorité de l’abbaye.

En 732, l’invasion des Sarrasins pénétra jusqu’en Bourgogne. A Saint Maurice, selon certains érudits locaux le lieu dits Le Mont Maurois aurait servi d’abris à une horde afin de mener des razzias sur la vallée, notamment à Bèze et de se protéger.

Après les Huns et les autres, au IXème siècle ce fut le tour des Hongrois, des Nord Mans qui ravagèrent l’abbaye et les vallées de la Bèze et de la Vingeanne.  Cette terre de passage fut également une terre de métissage.

Après ces invasions des mottes castrales se sont construites peu à peu, et la féodalité s’est installée durablement dans la vallée de la Vingeanne.

Les grandes familles se sont succédé au château de Fontaine : Fouvent, Vergy, Vienne,  Longvy , Chabot -Charny, La Rochefoucauld, La Tour du Pin…. D’autres forteresses dominent la Vingeanne : Montigny, Mornay, Saint Seine, Orain… D’autres grandes familles nobles dominent le territoire, comme la famille de Saint Seine, Pierre de Saint Seine fait construire le château de Rosières. Au XIV ème siècle.

Vers 1120, s’élève près de Saint Maurice, la commanderie des templiers de La Romagne. A partir de 1314, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem  devinrent seigneur de La Romagne jusqu’en 1789.

Renaissance et époque moderne

Le 5 juin 1595, Fontaine Française a été le théâtre d’un des derniers épisodes des guerres de religion. Cette  bataille opposa  les Espagnols et la Ligue à Henri IV. Henri sorti vainqueur de cet affrontement, au cours de laquelle il risqua sa vie. A l’issue de cette bataille, une grande partie des habitants du royaume de France reconnurent Henri IV comme leur souverain. Un tableau d’Eugène Devéria (datant de 1838), exposé au musée historique de Versailles représente une reconstitution e ce combat.

 Le 17ème a été marqué durablement par les ravages d’un épisode de la guerre de 30 ans appelé la guerre de 10 ans. En 1636 le général autrichien Matthias Gallas ravagea la région. Des villages entiers furent dévastés. A Saint Maurice sur Vingeanne, seulement 5 feux survécurent. A Dampierre,  pendant, le « terrible Gallas », lors de sa retraite vers Saint-Jean-de-Losne, met le feu à l’église dans lequel se trouvaient 200 personnes. Deux personnes seulement ont survécu à son passage. Les églises ont été réhabilitée et ont perçu des ornements typique de l’art d de la contre réforme catholique et du premier âge baroque (panneaux peints, retables, tableaux exemple Jean Tassel). Les villages de la vallée ont été reconstruit et été étendu (quartier de l’outre). La frontière ave c la Franche comté a été aussi un atout, après 1678, et le rattachement de la comté à la France, cette terre de « Petite gabelle» a connu bien des échanges avec la terre de « grande gabelle» de Bourgogne, par exemple le cochon était tué en Bourgogne, salé clandestinement en Franche Comté et ramené en morceaux dans son lieu d’origine. Les passeurs clandestins traversaient la rivière à guet près de Rosières. Un mobilier particulier avait été développé afin de cacher le sel non déclaré aux « gabelous ». Cela prouve une certaine inventivité.

Époque contemporaine

Depuis le XVIIIe siècle, le château de Fontaine-Française est resté dans la même famille, transmis par les femmes. Il appartient aujourd’hui à Xavier de Caumont de la Force. Au siècle des Lumières, Anne-Marie de la Pour du Pin épouse Bollioud de Saint-Julien, a mal vécu, au départ, la destruction de son château fort par son mari afin d’édifier le château actuel. Ce château est l’œuvre de l’architecte Souard. Mme de Saint-Julien tenait un salon à Fontaine-Française où étaient accueillis Voltaire et Mme de Staël. L’esprit du XVIII e siècle français semble encore hanter ce château. Le couple Bollioud de Saint-Julien n’ayant pas eu d’enfant, le château passe dans les mains de René de la Tour du Pin qui épousa Honorine de Monaco, d’où le nom de la rue qui dessert le château. Au cours de la visite, on peut admirer notamment les appartements, la salle des gardes et la chapelle. Le parc aux trois cent soixante-douze tilleuls taillés en portique invite le visiteur à la rêverie parmi les monuments, les buis et les ifs taillés en taupière.

A cette époque de nombreuses routes ont été tracées : dont  la route : Vaux sous Aubigny(52) Port Saint Pierre(70) desservant la vallée de la Vingeanne, cette a été tracée par Richard Édouard Gascon , agent voyer et historien

La vallée de la Vingeanne ne retrouva la prospérité qu’à partir du XVIIIème siècle, cet essor fut doublé d’une hausse de la population. Les débuts de l’industrialisation ont vu le jour dans la vallée et se sont développé surtout dans la première moitié du XIX ème siècle.  Des hauts fourneaux s’installent le long de la Vingeanne et de ses affluents, notamment à Licey (transformé en battoir fixe en 1880 puis en scierie) et à Fontaine Française (il sera éteint en 1870). Ces hauts fourneaux traite la fonte locale produite grâce aux veines minerai affleurant dans les champs environnant et au bois abondant des forêts, procurant un charbon de qualité. De nombreux moulins se sont développés le long de la Vingeanne  et des masses d’eau environnantes. Des laiteries se sont installées, par exemple la laiterie Quillot frères installée dans l’ancienne forge de Montigny sur Vingeanne, dont l’affiche « Le lait pur de la Vingeanne » figurant une petite fille buvant un bol de lait entourée de chats, est un emblème  de la vallée de la Vingeanne . A la Romagne, la fabrique de graisse « La Gauloise » des frères Jayet a remporté de nombreux pris aux expositions universelles à Paris (notamment en 1889), cette graisse servait  à lubrifier les moyeux des roues de chariot. De cette époque subsistent  le haut fourneau de Fontaine Française, en mauvais état, celui de Licey transformé en maison d’habitation, plusieurs forges réhabilitées en lieu de villégiature, et des moulins parfois transformés en chambre d’hôtes (par exemple celui de Fontaine Française). Quelques moulins utilisent la force motrice de l’eau ou produisent de l’électricité. L’habitat typique du pays a permis la transformation de certaine maison,  en gite. Les maisons possédant de grands espaces par exemple les séchoirs à houblons ont pu développer ce genre d’accueil touristique (la culture du houblon fut très importante dans la région entre 1870 et 1914, des petites  brasseries locales existaient, cette activité semble vouloir renaitre)

Développement du tourisme dans la haute vallée de la Vingeanne

Le château de Fontaine se visite de juillet à septembre, de 10 à 12 heures et de 14 à 18 heures. Il est fermé les lundis et mardi, La Romagne et Rosières proposent des chambres d’hôtes, permettant aux visiteurs de se plonger dans l’histoire. Rosières est une étape sur la route de Compostelle et accueille les pèlerins provenant d’Allemagne, de Suisse d’Europe du nord.

De nombreux gites se sont ouverts chez des particuliers ces dernières années (par exemple à Bourberain), les chemins de randonnées déjà mis en  place, et bientôt la  voie verte le long du canal et la promenade aménagée le long des étangs offriront des opportunités aux visiteurs.  Un contrat de bassin devrait être signé prochainement afin d’envisager une réhabilitation de la Vingeanne et de valoriser le territoire notamment, sur l’ensemble du bassin versant traversant les 3 anciennes provinces. Cyrille Bouvier, chargé de mission a été embauché afin de mener à bien ce projet. Il s’agit du premier projet fédérateur établi sur l’ensemble de la vallée faisant coopérer trois départements, trois régions 10 communautés de communes et 4 pays, 2 syndicats mixtes d’aménagement et 64 communes.  Près de 20 000 visiteurs passent par Bèze, autant à Champlitte, on peut espérer qu’à l’avenir Fontaine Française et son canton ne restent pas seulement des  lieux de passage.  La présence d’un patrimoine d’exception souvent méconnu (Rosières, La Romagne, Fontaine, mais également Dampierre, Licey Orain, Saint Maurice, Saint Seine et son église récemment restaurée) et  de restaurants « sympas »  par exemple : La P’tite Fringale, Canal Frite, ou l’installation de C pas si Loin ouvert toute l’année à Montigny prouvent l’intérêt  le dynamisme du canton. Le  développement camping de Montigny, situé sur une ile de la Vingeanne au lieu dit Le Trou d’Argot et  la création d’une halte nautique à Saint Seine :  (projets structurants inscrits au plan Ambitions Cote d’Or) pourraient participer à cet essor. Le maintient de la fête du livre, le rayonnement d’association telle qu’art BFC participent à faire connaitre cette région située au carrefour des trois en une vallée ou le canal flirte avec les méandres de la Vingeanne.