Une belle exposition s’annonce
Le jumelage de la Haute Saône avec le Mexique fête ses 30 ans
L’exposition temporaire Champlitte-Jicaltepec-San Rafael « Un écart absolu », sera visible au Musée des Arts et Traditions Populaires de Champlitte du 2 juillet au 17 octobre 2016, toute l’équipe du musée s’est impliquée.
En 1833, des habitants de Haute-Saône, Côte d’Or, et Haute-Marne, conduits par Stéphane Guenot décident de partir au Mexique. Depuis le 21 novembre 1986, le département de Haute-Saône et le municipe de San Rafael sont jumelés, et poursuivent leurs échanges. Pour les 30 ans du jumelage, cette grande exposition propose un parcours un parcours atypique mêlant passé et présent, fonds permanent et collections temporaires du musée des arts et traditions populaires de Champlitte.
Aujourd’hui des échanges ou passerelles se tissent entre la Haute Saône et le Mexique, il s’agit de les dévoiler.
A travers une enquête ethnologique, menée côté français et mexicain des habitants racontent une diversité de rencontres et d’attachements entre les deux pays. En interrogeant les questions d’identité, d’interculturalité, de migration, ils questionnent le visiteur.
En restituant cette histoire si particulière dans un contexte plus large, une sélection d’œuvres contemporaines interpelle le visiteur sur les questions voyage-exil, de rapport à l’autre, passages-frontières et d’utopie, avec des artistes comme Ivan Alechine, Le Corbusier, Simon Faitfhull, Benoit Huot, Denis Pérez, Bernard Plossu, Barthélémy Toguo, et un parcours Fourier qui éclaire la contemporanéité de la pensée du théoricien.
Une première section historique revient sur les origines du départ des colons. Elle se penche plus en détails sur la figure d’Etienne Bonaventure Guenot, initiateur du voyage. Comment, lors de son célèbre discours, Guenot cherche-t-il à faire rêver les habitants de Champlitte ? Utilisant, selon certains, le salon des papiers peints du château (nommés « les Sauvages de la mer Pacifique », « les voyages du capitaine Cook »), cette production de la manufacture Dufour (de 1804) représentant des « sauvages » vivant en harmonie avec la nature, attendant l’étranger avec fleurs et cadeaux, apparaît comme un écrin enchanteur de son discours.
Une seconde section interroge le visiteur sur « migrer, voyager » « s’installer, rencontrer », « imaginer, réaliser » à travers une sélection de réalisations contemporaines. Ces œuvres, d’une portée universelle, rendent compte de différentes situations et nous poussent à regarder ce qui se passe à la fois devant nous mais aussi plus loin.
Une troisième section, intitulée « Passerelles », rend compte d’une enquête ethnologique menée par l’Ethnopôle Réinventer les musées populaires. Invités à prêter des objets pour l’exposition, des habitants d’« ici et là-bas » qualifient de diverses manières les relations (passées, présentes et futures) tissées entre Jicaltepec, San Rafael et la Haute-Saône.
Une ultime section dévoile un « Parcours Fourier », atypique-utopique au sein des collections permanentes du musée. Au gré des espaces scéniques reconstituant l’univers paysan du XIXe siècle, des pièces contemporaines ponctuent la visite et proposent aux visiteurs une relecture des œuvres anciennes et contemporaines.
L’exposition a été réalisée en collaboration avec le Centre d’Art Mobile, le Gang des Chiffonniers, l’Université de Veracruz, le musée de San Rafael, la Casa de Cultura.
Samedi 2 juillet auront lieu des animations gratuites à l’occasion du vernissage de l’exposition temporaire organisée pour les 30 ans du jumelage haute-Saône Mexique.
Encadré : – 10 heures : »Rendez-vous au café du Mexique » : rencontre avec Ivan Alechine et différents protagonistes du jumelage
– 14 heures : Concert de musiques méso-américaines (proposé par les Amis des musées départementaux)
– 15 heures : Vernissage
Toute la journée : animations pour les jeunes publics (création de marionnettes, piñatas, lecture de contes et légendes)
Les sculptures exposées dans le salon des papiers peints sont celles de Bruno Catalano.
Les thèmes du voyage et de l’exil son très présents dans l’œuvre de Bruno Catalano, et font écho à sa propre histoire. En effet, Bruno Catalano et sa famille quittent le Maroc en 1975 et débarquent à Marseille avec l’espoir d’une vie nouvelle.
L’artiste garde en mémoire la douleur du déracinement : « Dans mon travail, je suis toujours à la recherche du mouvement et de l’expression des sentiments, je fais sortir de l’inertie la forme et la cire pour leur donner vie. Venant moi-même du Maroc j‘ai porté ces valises pleines de souvenir que je représente si souvent. Elles ne contiennent pas seulement des images mais aussi du vécu, des désirs : mes racines en mouvement.
Les sculptures de Bruno Catalano jouent sur l’équilibre précaire entre vide et matière, avec comme point d’attache une valise servant de trait d’union. Elles nous renvoient immédiatement à ce sentiment de perte et de déchirement lié au déracinement et à l’éloignement de ses origines. Les voyageurs semblent en mouvement, en partance vers un ailleurs, avec cette part d’espoir qui réside encore en eux, et l’impossibilité de revenir en arrière.
On est naturellement tenté de rapprocher les chanitois quittant leurs terres, leurs repères et l’hypothétique intégration auprès d’une population dont ils ne connaissent ni la langue ni les coutumes locales, aux œuvres de Bruno Catalano, car il est bien question d’une épreuve – physique, psychique, matérielle, et d’une rupture, ce rapport à l’être qu’ils ont perdu et qui les définissaient.