Il est possible de remarquer très clairement cette séparation au niveau du linteau, où un ange armé vient marquer la division dans ce cortège des ressuscités. Ils sont pour la plupart déjà sortis de leurs tombes ressuscités au son des trompettes soufflées par les anges aux extrémités du tympan. Il réalise la séparation entre les « justes » et les « damnés » (une idée qui est à nuancer, comme il sera démontré à la suite de ce développement). Il est rare que tant d’importance soit donnée à la séparation des « bons » et « mauvais » sur un tympan, c’est pourquoi il est intéressant de commencer de là.
Tout d’abord, du côté du groupe des « justes », à la droite du Christ, est identifié par l’inscription en vers léonins : « Quisque resurget ita quem : non trahit impia vita et lucebit ei sine fine lucerna dei » (« ainsi ressuscitera quiconque ne mène pas une vie impie et luira pour lui sans fin la lumière du jour »), ce qui indique que tout ce qui se trouve de ce côté suggère la partie des élus. Il est possible de voir trois personnages portant des manteaux, certains avec des vêtements sacerdotaux et d’autres étant complètement nus. Ils se dirigent dans une relative sérénité (comme engagés dans une procession) vers l’axe de la composition (le Christ) afin de pouvoir accéder à la Jérusalem céleste, qu’ils regardent en levant les yeux. Certains contemplent le Christ, comme on peut le voir par les mains posées sur le menton ou levées au ciel.
Comme on peut le voir par les mains posées sur le menton ou levées au ciel, d’autres rendent grâce au Christ-Juge par des gestes de prière. Un groupe peut retenir notre attention : celui composé de l’Ange avec la représentation de trois âmes nues qui s’accrochent à lui en pointant la Jérusalem céleste, comme s’ils demandaient à y accéder (cela a été interprété comme trois enfants impatients d’aller au Paradis). De rares visages sont emplis de craintes, ce qui montre que la peur n’abandonne pas pour autant les élus. Cependant, cette crainte reste moins exprimée par rapport à ce qui est observable sur la gauche du Christ. Leurs regards s’élevant offrent un mouvement ascensionnel qui emmène le spectateur à regarder la partie gauche du tympan. Au niveau inférieur de celui-ci, on peut voir entre autre un groupe de huit personnages se dirigeant vers le Christ qui sont désignés comme des apôtres, mais certains spécialistes aujourd’hui les attribuent à des élus (comme dans les compositions byzantines du Jugement dernier). Ces personnages sont représentés de manière très longiligne et graphique, avec de beaux plissements de drapés (proche de la tradition byzantine). L’homme imposant aidant une âme, représentée plus petite, à atteindre le Paradis n’est autre que saint Pierre, qui est présenté sous la fonction de psychopompe. Il est reconnaissable par son attribut : les clefs du Paradis. L’extrême gauche est quant à elle occupée par l’ascension au Paradis des élus (représentés nus comme le veut la tradition occidentale), qui sont aidés par des anges les transportant. Ces derniers sont représentés ailés, auréolés, pieds nus, vêtus de longues robes, comme le veut la tradition iconographique, et possède un corps filiforme qui participe à l’élévation du regard pour le fidèle. Cette élévation emmène à la représentation de la Cité céleste, le Paradis, pourvue d’arcades à trois niveaux, où l’on peut voir des bienheureux qui ont déjà accès au Paradis éternel. Pour accéder à cette vie éternelle, il faut réussir à traverser les ouvertures étroites qui correspondent au chemin resserré conduisant à la vie éternelle. La Vierge en adoration trônant à la droite du Christ fait écho à la porte ouverte du Paradis, elle revêt alors la fonction de « porte » du Ciel dans l’ascension spirituelle du fidèle.
Pour ce qui est du côté des « damnés » du linteau, c’est-à-dire à la gauche du Christ, ils sont identifiés par l’inscription en vers léonins: « Terreat hic terror ; quos terreus alligat error : nam fore sic verum notat hic horror specterum » (« Que cette terreur terrifie ceux qui lie l’erreur terrestre, car l’horreur de ces images signifient que tel sera leur sort »), qui prévient le fidèle de ce qui arrive aux pécheurs. Il est représenté dix-huit personnages, dont la plus grande majorité est nue, et dont les fortes expressions contrastent avec la sérénité du groupe qui leur fait face.