Enfant, je suis allé dans une bergerie, non loin de chez moi. J’ai acheté avec mes économies un bélier. C’était un compagnon sympathique et très doux. Il s’appelait Doudou. Nous avions une brebis, Doudoune. Au bout d’un an, nous avons eu deux beaux agneaux.
Le bélier et le taureau peuvent être perçus comme agressifs,
cependant je n’ai rencontré que des béliers et des taureaux, doux, à titre
personnel.
Le bélier est le mâle non châtré de l’espèce Ovis aries
réservé pour la reproduction (production d’agneaux). On désigne le mâle et la
femelle, sans faire de distinction de sexe, sous le terme générique de mouton.
L’espèce des moutons appartient à la famille des Bovidés. Le bélier blatère.
Dans la majorité des civilisations antiques ayant côtoyé le
bélier, cet animal a pris une grande force symbolique. Bien que les symboles
qui lui sont associés varient d’une mythologie à l’autre, il existe, malgré
tout, certaines similitudes comme l’incarnation de la force de la nature. Il
peut paraître surprenant qu’un herbivore de taille modeste ait une si grande
prérogative, mais c’est peut-être justement le fort contraste qui existe entre
cet animal si paisible en temps normal et parfois capable de se lancer dans des
joutes d’une extrême violence, qui fascinait tant les hommes.
Ses cornes, en forme de spirale, sont également un élément
symbolique très fort que l’on retrouve sur les casques, les armes de butoir
(bélier de siège), à la proue de certains bateaux et dans l’architecture comme
motif de tête de bélier.
Dans l’Ancien Testament et le Coran, le bélier est cité comme animal sacrificiel. Il est associé au sacrifice d’Abraham ou Ibrahim.
Dans la mythologie celte, le bélier symbolise la force de la
nature ainsi que la fertilité.
Dans la mythologie grecque, le bélier est également un
symbole important dont le mythe de la toison d’or Dans l’Égypte antique, le
bélier est associé à de nombreux dieux, dont le plus prestigieux est le dieu
dynastique Amon. Il est également le symbole des eaux bondissantes des
cataractes du Nil et de son inondation annuelle (Khnoum). C’est aussi l’un des
douze animaux sacrés associé aux douze heures du jour et de la nuit. n’est que l’un des nombreux aspects. Le bélier
est un des animaux favoris d’Hermès.
Dans toutes les civilisations pastorales, le bélier a eu une
place particulière, c’est le compagnon du berger.
Dans la mythologie grecque, la Toison d’or est la toison de
Chrysomallos, bélier pourvu de grandes ailes sur lequel Phrixos et Hellé
s’enfuirent pour échapper à leur belle-mère Ino. Arrivé en Colchide, Phrixos
immole le bélier à Zeus et fait cadeau de la toison au roi Éétès, qui la
suspend à un chêne et la fait garder par un dragon et des hommes armés.
Pélias ordonne à son neveu Jason de ravir la Toison d’or.
Médée trahit son père Éétès et aide Jason et les Argonautes à s’en emparer.
Lors de leur fuite, elle découpe son frère Absyrte en morceaux et les jette à
l’eau pour ralentir Éétès qui s’arrête pour rassembler les morceaux de Absyrte
et lui faire des funérailles dans un lieu appelé alors Tomis (« découpé »), ce
qui laisse aux Argonautes le temps de s’échapper.
L’interprétation de ce mythe grec est à chercher d’abord
dans la culture et les croyances de la Grèce antique. L’épreuve imposée à Jason
consiste dans un premier temps en un voyage dans un au-delà mystérieux d’où il
doit revenir transformé : le symbolisme d’un tel voyage est analogue à celui
d’une descente chez les morts et prend la valeur d’une initiation. La toison
d’or du bélier merveilleux qu’il doit rapporter représente un talisman de
puissance, voire d’immortalité, dans les royautés achéennes, et est gage de
fécondité : on le voit avec l’agneau portant une toison d’or apparu à Argos et
dont parle Euripide : le héraut de la ville invite les Mycéniens à venir «
contempler l’apparition qui annonce un règne bienheureux ». Cette toison d’or
est en effet le présage annonciateur du règne de Thyeste pour la maison des
Atrides. Un tel symbolisme découle des propriétés magiques attribuées à la peau
de l’animal sacrifié, particulièrement à la peau laineuse. Selon les auteurs
qui rapportent cette légende, cette toison possède d’ailleurs un éclat d’or ou
bien de pourpre : elle est de pourpre chez Simonide de Céos, et l’on sait que
la pourpre est la couleur royale ; elle est tantôt blanche, tantôt pourpre chez
Apollonios de Rhodes. Dans son éclat d’or ou de pourpre, il s’agit d’un symbole
d’immortalité enveloppant son possesseur d’un vivant rayonnement. L’ouvrage de
René Roux confirme que la toison d’or représente bien un rite royal. C’est
également en ce sens que Pindare rapporte l’épisode de la Toison d’or : Jason
doit revenir, au terme d’une conquête menée au péril de sa vie, digne du
sceptre paternel. C’est ce que lui demande son oncle Pélias : Consens à accomplir cet exploit, et je
jure que je te céderai le sceptre et la royauté. » : Pindare, Pythiques,
IV, vers 165.
Mais il s’ajoute aussi à ce mythe un symbolisme initiatique,
puisque l’exploit de Jason, familier aux sectateurs de Pythagore était figuré
sur les stucs de la basilique pythagoricienne. Dans la doctrine
orphico-pythagoricienne, la quête de la Toison d’or symbolise ainsi un rite de
passage vers une forme supérieure de vie humaine
Dans le mythe d’Amour et Psyché, relaté par Apulée dans
L’Âne d’or ou Les Métamorphoses, l’une des épreuves imposées par Vénus à Psyché
consiste à rapporter un échantillon de la Toison d’or de brebis féroces, qui
attaquent les êtres humains durant la journée. Un roseau parlant conseille à
Psyché de récolter, le soir venu, des bribes de leur laine d’or restées
accrochées à la végétation.
Beaucoup plus pragmatique, Strabon donne dans sa Géographie
(tome 1, chapitre 2, 39) une interprétation géopolitique du mythe : « (…) et
les richesses que la Colchide tire actuellement de ses mines d’or, d’argent et
de fer, laissent assez deviner quel a dû être le vrai motif de l’expédition des
Argonautes, le même apparemment qui avait, dès auparavant, poussé Phrixus vers
les rives du Phase. »
À l’époque moderne, les commentateurs ont effectué d’autres
rapprochements. Ainsi, en Géorgie, du côté des Svanes (peuple ethnique
Géorgiens vivant dans les montagnes du Grand Caucase) populations montagnardes
du nord qui pratiquent l’orpaillage dans les rivières du Caucase, on utilise
depuis toujours des toisons de moutons pour récolter les paillettes d’or qui
s’y trouvent en abondance. La légende de la Toison d’or prend pour théâtre la
Colchide, qui est une partie de l’actuelle Géorgie.
Le médecin-philosophe Michael Maier, comte palatin de
l’empereur Rodolphe II, publie vers 1614 à Londres un ouvrage qui veut
confirmer les théories de Braccesco, Arcana arcanissima, dans lequel il prétend
démontrer que toute l’allégorie de la Toison d’or ne signifie rien d’autre que
l’obtention de la médecine d’or des alchimistes. Ce type d’explication sera
souvent repris par la suite. C’est le cas, entre autres, du préfacier de la
Bibliothèque des Philosophes chimiques parue en 1741, qui affirme : » On
pourrait, avec plus de fondement et de raison, alléguer pour une expérience et
une preuve du grand œuvre la fable de la toison d’or qui était à Colchos. Car,
outre que les fables ne sont fondées que sur de véritables histoires, qu’elles
n’étaient que pour cacher les mystères de la théologie et de la philosophie des
Anciens et que Suidas assure, avec beaucoup de vraisemblance, que cette toison
d’or (qu’il est impossible qui ait jamais été) n’était autre chose qu’un livre
en parchemin où était écrite la manière de faire de l’or par la chimie, toutes
les circonstances qui se trouvent dans cette histoire ont un rapport si juste avec les
opérations et les effets de la pierre philosophale qu’on ne saurait
raisonnablement l’expliquer autrement.
L’ordre de la Toison d’or, dit aussi la Toison d’or ou la
Toison, est aujourd’hui l’ordre de chevalerie le plus élevé et prestigieux de
l’Espagne. Il fut initialement fondé par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, à
Bruges (ville de l’État bourguignon) le 10 janvier 1430, à l’occasion de son
mariage avec Isabelle de Portugal.
Son premier chapitre se tient à Lille l’année suivant sa
création, en 1431, le port du collier devenant obligatoire le 3 décembre 1431.
Le nom de l’ordre est inspiré du mythe grec de la Toison
d’or, complété par l’histoire biblique de Gédéon (en référence à sa force
spirituelle, comme indiqué sur la somptueuse tapisserie qui ornait les lieux de
réunion des chapitres à partir de 1456). Dès lors l’ordre de la Toison d’or
sera placé sous le patronage des deux personnages de Gédéon et de Jason.
Cet ordre était destiné à rapprocher la noblesse des États
bourguignons de Philippe le Bon et à permettre au duc d’honorer ses proches. Le
premier chevalier fut Guillaume de Vienne. À la mort de Philippe en 1467, son
fils Charles le Téméraire devint grand maître de l’ordre. À la mort de ce
dernier en 1477 lors de la bataille de Nancy, son gendre Maximilien Ier de
Habsbourg, qui avait épousé la duchesse héritière Marie de Bourgogne, lui
succéda comme grand maître. En effet, l’ordre ne se transmettait que par les
hommes, ou, à défaut d’héritier mâle, à l’époux de l’héritière jusqu’à majorité
du fils de celle-ci. Ainsi l’ordre arriva-t-il à l’empereur Charles Quint, qui
en fit le plus important de la monarchie habsbourgeoise, et fixa le nombre de
chevaliers à 51 en 1517. À l’abdication de l’empereur, la Toison d’or passa à
la branche espagnole jusqu’à la guerre de Succession d’Espagne. Philippe V
d’Espagne, petit-fils de Louis XIV et nouveau roi d’Espagne, continua à
conférer l’ordre, mais la branche des Habsbourg d’Autriche le reprit à son
compte. Le droit international n’ayant jamais tranché la question, il existe
depuis lors deux ordres de la Toison d’or : l’ordre autrichien et l’ordre
espagnol.
En France, seul l’ordre de la Toison d’or décerné par
l’Espagne est reconnu et peut être licitement porté après autorisation de la
Grande chancellerie de la Légion d’honneur. En effet, la famille de
Habsbourg-Lorraine n’est pas une puissance souveraine et est donc incapable de
conférer la moindre décoration. Le Français qui accepterait et porterait une
telle décoration invalide s’exposerait aux sanctions prévues par le code de la
Légion d’honneur.
Les collections médiévales de l’ordre, demeurées possession
des Habsbourg, sont exposées à Vienne, au Schatzkammer (trésor impérial) de la
Hofburg.
Les premiers membres de l’ordre furent, chronologiquement,
Philippe le Bon, Guillaume de Vienne, Régnier Pot et Jean de Roubaix.
Un manuscrit du XVe siècle, dont l’auteur est Guillaume
Fillastre et l’artiste inconnu, montre les exigences de cet ordre et ouvre
l’esprit aux prémices de la Renaissance artistique.
Par les statuts, les chevaliers étaient obligés de porter en
toutes circonstances et en particulier en public un collier d’or, composé d’une
alternance de fusils et de pierres à feu auquel était suspendue la toison d’un
bélier. Les deux premiers éléments formaient la devise du duc Philippe le Bon,
ce qui dénotait le lien que créait l’appartenance à l’ordre : le chevalier qui
en était membre faisait ainsi montre de sa proximité avec le prince bourguignon
en portant ses emblèmes personnels. Inversement, la toison envahit totalement
l’emblématique princière des souverains bourguignons, puis des Habsbourg.
Dans sa représentation, le fusil (terme d’époque pour
désigner les « briquets » de l’époque, sortes de petites masses d’acier servant
à produire des étincelles par friction avec des silex), avec ses flammèches,
rappelait les rabots que le duc de Bourgogne Jean sans Peur avait adoptés comme
devise dans son conflit contre les Armagnacs. Certains insistent sur le fait
que les briquets sont représentés avec une poignée en forme de B évoquant le
mot « Bourgogne ». En effet, les briquets peuvent avoir des formes différentes
et le rapprochement avec la lettre B peut avoir fait pencher pour le choix
comme emblème de cette forme particulière de briquet. C’est de cette devise
ducale qu’on a tiré une des devises de l’ordre : Ante Ferit Quam Flamma Micet
(« Il frappe avant que la flamme ne brille »).
Les colliers appartenaient au trésor de l’ordre et devaient
être restitués à la mort du chevalier. En cas de perte sur le champ de
bataille, le chef et souverain prenait à sa charge le remplacement des
colliers. Les chevaliers particulièrement fortunés se faisaient également faire
des décorations enrichies de pierreries à titre personnel. En raison du poids
important des colliers, on prit l’habitude de porter le pendant de l’ordre au
bout d’un lac de soie rouge ou noire.
Les statuts avaient fixé dès 1431 qu’en cas de défaut
d’héritier mâle, la grande maîtrise de l’ordre passait à l’époux de l’héritière
du dernier chef et souverain. C’est ce qui se passa en 1477, lorsque Charles le
Téméraire périt sous les murs de Nancy en ne laissant qu’une fille, Marie de
Bourgogne. Ce fut l’époux de cette dernière, l’archiduc Maximilien, qui
recueillit cette dignité. Il réunit dès 1478 un chapitre à Bruges et, en dépit
de ses difficultés avec ses sujets bourguignons, il se révéla être un digne
souverain de l’ordre. Pendant un siècle, les Habsbourg se comportèrent ainsi en
héritiers des princes bourguignons, entretenant le lustre et le faste de
l’ordre.