Lorsque les premiers hommes arrivèrent dans la vallée de la Vingeanne, ils virent une rivière entourée de forêts. Tout naturellement, ils s’établirent, hors de portée des crues. Les hommes du Néolithiques étaient présents à La Romagne. Les gallo-romains établirent trois villae, une en Violata (à gauche sur le coteau en allant à Montigny-sur-Vingeanne, lorsque l’on quitte Saint-Maurice-sur-Vingeanne), une à La Romagne, et une au Crepôt. Un cimetière Mérovingien existait en Mont Maurois. A l’époque chrétienne un sanctuaire fut établi sur un monticule, au pied d’une source. Il fut placé sous le vocable de Saint-Maurice. Le second patron fut saint Guérin, puis saint Blaise. Sanctus Mauritius-super-Vingeannam dépendait de l’évêché de Langres. La commanderie des Templiers de la Romagne fut établie en 1144. En 1227, dame Ynglette d’Orain et Agnès de Saint-Maurice firent des donatio pro remedio animae (donations pour le repos de leur âme), une terre et un moulin furent donnés aux Templiers. Jean de Courchamp fit également une donation aux dits Templiers. Ils devinrent seigneurs de Saint-Maurice. La Corvée de Saint-Maurice, et celle de La Romagne appartenaient à ces moines soldats.
Après 1314, la commanderie des Templiers passa aux mains des
Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
A l’époque de l’Ancien Régime, le finage de
Saint-Maurice-sur-Vingeanne était divisé en plusieurs secteurs. Il y avait les
bois du seigneur, et les bois communaux, les terres appartenant directement au
seigneur comme les lieux-dits : La Corvée
et les terres soumises au cens. Le finage était divisé en trois épies ou
soles : l’épie de Changevelle, l’épie de Genevrand et l’épie de La Romagne. Ces
trois soles voyaient les cultures tourner sur trois ans. L’épie qui n’était pas
cultivée, dans le cadre de l’assolement triennal avec jachère, était appelée :
le sombre. Au XIXème siècle des cultures industrielles comme celle du chanvre
et du houblon, firent leur apparition sous l’impulsion des grands
propriétaires comme monsieur Chambure.
Les travaux d’Olivier de Serres sur la rotation des cultures et le cercle
vertueux de l’agriculture ne furent mis en pratique qu’après la Révolution
française et la redistribution des terres après la vente des biens du clergé
comme bien nationaux, et même bien plus tard avec l’apparition de l’agriculture
industrielle.
A Saint-Maurice-sur-Vingeanne, l’unité de mesure était le
journal. Un journal valait 34 ares 28, c’était la surface de terre labourable
par un homme en journée. Le nom de cette unité de mesure peut varier d’une
région à l’autre et la mesure de terre également.
Lorsque l’on mesurait les surfaces d’une parcelle, on prenait deux enfants, à l’endroit où on mesurait les parcelles litigieuses, on giflait les enfants, pour qu’ils s’en souviennent toute leur vie. Georges Château et Michel Guenin, ont subi cette pratique ancestrale, remontant à l’époque médiévale et me l’ont confié.
Pour connaitre l’histoire de l’agriculture, dans un lieu donné, il y a les terriers, les baux ruraux, les actes des tribunaux, le cadastre, la matrice cadastrale et les recensements agricoles.
Je m’attacherai à l’étude du recensement agricole de 1829, à
Saint-Maurice-sur-Vingeanne, comme un apprenti historien ruraliste.
En 1829, il y avait 6 chevaux entiers de trait, 50 hongres
de trait, 60 jument de trait, 1 cheval de selle, 7 poulains, 8 pouliches, et
aucun étalon. Il y avait 3 taureaux, 6 bœufs, et 200 vaches. Il y avait 300
moutons de race indigène. 200 porcs ont été comptés.
Au total : 130 chevaux, 209 bovins et 300 moutons !
Un propriétaire avait 7 vaches, 1 propriétaire avait6
vaches, 9 propriétaires avaient 4 vaches, 11 propriétaires avaient 3 vaches, 22
propriétaires avaient 2 vaches et 22 propriétaires avaient 1 vache.
C’était le règne de la petite propriété.
En 1837 : 375 hectares sur 1760 hectares était ensemencés en
froment, 4500 hectolitres par ha ont été produits 65 hectares ont été ensemencés en seigle, 780
hectolitres ont été récoltés. 147 hectares ont été sen ensemencés en orge, 1470
hectolitres par ha ont été récoltes. 1
hectare a été ensemencé, 10 quintaux ont été récoltés. 293 hectares d’avoine ont ensemencés, 2516
hectolitres par hectare ont été récoltés. 5 hectares de légumes secs ont été
ensemencés, 20 hectolitres par hectare ont été récoltés. 30 hectares de pommes
de terre ont été plantés, 900 hectolitres par hectare ont été récoltés.
Pas de maïs, pas de colza, pas de soja !
1791 : assainissement de la prairie, très marécageuse.
1792 : un garde champêtre est nommé pour un salaire de 150
francs.
En 1831, il y avait 2 pâtres, l’un pour les bovins, l’autre
pour les ovins et les caprins
En 1837, toujours à Saint-Maurice-sur-Vingeanne, la vaine
pâture est réglementée, d’une part dans la partie haute de la grande prairie, d’autre
parte, la partie basse, la prairie de Vesvres
le rû d’Orain.
En 1842, le parcours du bétail est autorisé de la saint
Michel à la saint André. Le canton de la Cloche, est autorisé au pacage.
La grande propriété existe, 7 propriétaires de Saint-Maurice-sur-Vingeanne
sont assujettis à la taxe foncière, un de la Romagne, Victor Noel possède le bois des Couées.
En 1839, il y a 129,5 hectares de terres labourables, 286
hectares de prés, 181 hectares de vignes, 139 hectares de chènevières, 258
hectares de jardin, 188 hectares de vergers, 139 hectares d’oseraies, 1 hectare
de friches, 1 hectare de pâtis.
Les forêts ne sont pas comptées, les terres labourables sous
évaluées ?
En 1855 : il y a 171 affouagistes.
1876 : la foire au houblon a lieu à Fontaine-Française.
1885 : foire au houblon à Saquenay. 1887 : suite au
phylloxéra, intoduction de plans américains.
1890 : Amodiation de l’herbe des chemins.
1891 : Prime pour la destruction des hannetons.
1893 : La grande
sécheresse, les bêtes vont manger dans les bois. 910 francs sont alloués aux
victimes de la sècheresse.
1893 : on dénombre 3 cultivateurs et 12 fermiers.