L’amoureux des mots

L’amoureux des mots partie 3
En se promenant dans la forêt le petit garçon qui s’appelait Jonas, a rencontré Saleha, bourguignonne de cœur qui aimait le patois. Elle avait même un petit lexique et aimait se réciter les mots doux de sa langue du cœur, et comme les filles sont très organisée elle rêvait d’écrire une petite grammaire comme celle de la maitresse. Entre le bourguignon de souche et la bourguignonne de cœur, les échanges langagiers allaient bon train, et peu importe la prononciation, on se comprenait, elle était du Brionnais, elle pratiquait la langue du « Tseu ». Lui prononçait un « veil chevave » pour un vieux cheval et elle disait un « ch’vau ». Ils parlaient, devisaient et exprimaient tous les deux leur amour pour la Bourgogne et plus particulièrement pour le département de la Côte d’Or et ses anciens pays comme la riante vallée de la Vingeanne, le Chatillonais et ses plateaux à pertes de vue, les Tilles secrètes, le vert Auxois et le Morvan enchâssé entre forêts profondes et haies ciselées sous oublier le joyau que constitue la côte, flanquée des arrières côte aux paysages drus comme une rasade d’Aligoté prise après avalé un escargot et sa persillade légèrement aillée. Plaisirs que Jonas et Saleha connaitraient plus tard.

La Bourgogne coulait dans leurs veines, irriguait leur tempe, faisait valser leurs papilles lorsqu’ils dégustaient des plats typiques comme le jambon persillé et la bonne potée du pays. Plus tard le Bourgogne coulerait dans leurs veines. Ils aimaient leur département, leur région, et étaient attachés à leurs traditions.
Le nom Côte d’Or chantait à leurs oreilles, et leur évoquait l’or des raisins blancs qui murissent sous le soleil d’Automne pour donner probablement les meilleurs vins de la Terre. Plus tard ils découvriraient la subtilité des Meursault, la fraicheur des vins blancs de la Côte chalonnaise. Ils découvraient les délices du pain d’épice, qui s’accorde si bien avec le cassis. C’était la Bourgogne en lice.
Souvent leurs préoccupations étaient moins hautes, il s ‘agissait simplement de remesser (ramasser la poussière), ouvrage demander par lai manman (maman). Quand le temps se peûti (s’assombri), le gachneu (garçon) et la gachneute (fille)restent à la maison.
Son grand père parlait à Jonas de Piron, ou des Noëls d’autrefois, le petit garçon en rêvait. Il rêvait d’écrire des contes en patois. Lai sairments (sarments) de la côte, conte en patois, lui vint à l’esprit, c’était l’histoère d’eune vigner’onne qui allaeumait son feu avec des sairments, les sarments ne voulaient pas clairer, elle avait bô seuffer, elle n’y arrivait pas, elle prit un seufflet, elle n’y arrivait pas non plus, elle prit une loupe pour fare darder leu rayon de soleu, et elle concentra les rayons en un seul point, et elle réussit à enflammer leu sairments. Pendant qu’il écrivait une douce musique le berçait. C’était la musique du patois, accompagnée des notes jouée au piano par Saleha.
De temps en temps lorsqu’il faisait chaudave (chaud), il allaient se gauger dans la rivière. Ils fréquentaient une petite crique à l’abri des arbres, qui bordent la rivière. C’était un lieu entre terre et eau à la saveur d’enfance le vert paradis des amours enfantines cher au poète. La verdure du pré, des feuilles des frênes se mêlaient au vert de l’eau de la Vingeanne, pour donner un tableau à la couleur changeante que seul le photographe savait rendre. Le pré s’appelait le pâquis, autrefois, le houblon y poussait. L’odeur des moissons était prégnante dans cette contrée.
La verdure inspirait Jonas, après ses promenades dans la nature, il avait de coucher sur le papier ses impressions. Dans la campagne bourguignonne, il se ressourçait, il y puisait sa sève comme un arbre.
Il avait envie de peindre la Bourgogne, de rendre ses couleurs, de les fixer sur un tableau. Peindre ce que l’on perçoit, ou prendre une photo rendant bien ses impressions habitait Jonas. La nature semblait lui sourire, être personnifiée. L’art le séduisait le comblait, sa région, trouvait –il, était remarquablement servie par les arts dans les villes comme dans la campagne, le moindre représentant du petit patrimoine rural bourguignon le charmait.
Les fontaines comme celle de Sacquenay , les lavoirs comme celui de Chaume, les écoyeux (cabane de vigneron), la cadole bourguignonne de Champlitte ou la cabane de cantonnier située entre Saint Maurice sur Vingeanne et Fontaine Française lui plaisaient et semblaient être les joyaux d’une parure ornant les routes de campagne.